Réussir sa VAE CAFERUIS ou CAFDES : Décryptages et Conseils pour le Jury

Le CAFERUIS et le CAFDES sont deux diplômes reconnus dans le secteur social. Cependant, ces deux parcours sont exigeants et diffèrent considérablement dans ce qu’ils valident, ce qu’ils supposent et ce qu’ils attendent de vous. Comment faire le bon choix ? Et surtout, comment réussir sa Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), quel que soit le chemin emprunté ?

Comprendre les véritables différences entre CAFERUIS et CAFDES. 

Il existe encore beaucoup de confusion concernant les intitulés, les niveaux et les fonctions associées.

• Le CAFERUIS (Certificat d’Aptitude aux Fonctions d’Encadrement et de Responsable d’Unité d’Intervention Sociale) est un diplôme de niveau 6 (équivalent Bac +3 à Bac +4). Il cible les cadres de proximité dans le secteur social et médico-social. Concrètement, il prépare à des postes tels que :
  • Chef de service dans une Maison d’Enfant à Caractère Social (MECS),
  • Coordinateur dans un institut médico-éducatif (IME),
  • Responsable de dispositif dans une structure d’insertion, par exemple un chantier d’insertion.

• Le CAFDES (Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Directeur d’Établissement ou de Service d’intervention sociale) est un diplôme de niveau 7 (équivalent Bac +5). Il s’adresse aux cadres de direction :
  • Directeur d’établissement (IME, EHPAD, CHRS, ESAT…),
  • Directeur multi-sites,
  • Directeur adjoint avec large délégation,
  • Coordinateur stratégique ou porteur de contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM).

Une phrase repère utile : le CAFERUIS correspond à l’encadrement d’une unité, tandis que le CAFDES correspond au pilotage d’une structure. Cependant, la différence ne se limite pas au niveau du diplôme. Ce sont deux postures distinctes, deux types de responsabilités et deux positionnements professionnels différents.

Les cas complexes : zones grises, entre-deux, fonctions hybrides.

En réalité, dans le secteur social, les fiches de poste sont parfois créatives.

Vous pouvez avoir un professionnel :

• Qui a un titre de coordinateur,
  • Qui participe à toutes les réunions de direction,
  • Qui gère un budget,
  • Qui a une autonomie sur les plannings,
  • Et qui pilote des projets structurants, mais qui n’a pas le mot « directeur » sur son organigramme.

Inversement, vous pouvez avoir quelqu’un qui a le titre, mais pas encore les responsabilités pleines. Ces profils sont nombreux. Ce sont des postes hybrides, évolutifs, ambigus, parfois sous-payés, souvent sous-reconnus. Pour la VAE, cela peut devenir un véritable casse-tête : quel diplôme viser lorsque l’on fait un peu des deux ?

Trois éléments à analyser en profondeur :

1. Votre position dans l’organigramme :
   1. Êtes-vous dans le collège de direction ?
   1. Avez-vous une délégation claire (signature, validation de budget, pouvoir disciplinaire) ?
2. Votre périmètre de responsabilité :
   1. Pilotez-vous une unité ou un établissement ?
   1. Êtes-vous référent d’un service ou garant d’un projet stratégique ?
3. Votre niveau d’autonomie réelle :
   1. Décidez-vous ou exécutez-vous ?
   1. Êtes-vous force de proposition ou porteur de la décision finale 

Trois stratégies possibles pour trancher :

• Stratégie 1 : Sécuriser un CAFERUIS ambitieux : Vous êtes à un niveau d’encadrement solide, mais pas encore sur du pilotage global ? Faites un dossier CAFERUIS exigeant, avec des preuves de structuration, de coordination et de gestion. Dans deux ou trois ans, vous pourrez revenir avec un CAFDES, armé de plus d’expérience.
• Stratégie 2 : Oser le CAFDES si vous portez déjà la stratégie : Si vous avez un véritable rôle de direction, même sans le titre, que vous êtes impliqué dans les CPOM, dans la gestion budgétaire et dans les arbitrages RH, visez le CAFDES. Cependant, assurez-vous d’avoir un accompagnement solide et une preuve argumentée de votre posture stratégique.
• Stratégie 3 : Construire un parcours en deux temps : Certains professionnels choisissent délibérément une VAE CAFERUIS pour officialiser leur rôle, obtenir une promotion ou un nouveau poste, puis reviennent 2 à 5 ans plus tard pour viser le CAFDES, avec un dossier consolidé, plus clair et plus politique.

Ce qu’il faut retenir ici : le bon diplôme est celui qui correspond à ce que vous assumez déjà, pas à ce que vous aimeriez faire dans deux ans, sauf si vous pouvez déjà en apporter la preuve.

Exemple : Claire, 44 ans, responsable d’un foyer de vie depuis 5 ans. Elle gère l’équipe, pilote le budget, suit les projets, réalise les entretiens annuels et rend compte directement au siège. Son titre : « chef de service coordinateur ». Cependant, dans les faits, elle assume déjà une fonction de direction sans en avoir la reconnaissance officielle. Dans son cas, un CAFDES est totalement défendable, à condition que son dossier montre cette fonction de direction dans les actes. Plus elle arrivera à le justifier, tant dans sa recevabilité (attestation employeur, fiche de poste réelle, etc.) que dans son dossier (preuves), mieux ce sera.

Ce que les jurys attendent vraiment (et ce qu’ils ne disent pas toujours)

C’est une partie capitale. Beaucoup de candidats à la VAE, même très compétents, échouent partiellement ou totalement. Non pas parce qu’ils ne font pas bien leur travail, mais parce qu’ils ne le montrent pas au bon niveau ou pas dans les bons codes. Les jurys n’attendent pas seulement que vous effectuiez bien votre travail. Ils attendent que vous soyez capable de le formaliser, de l’analyser et de le repositionner dans une logique institutionnelle, au niveau du diplôme demandé.

Pour le CAFERUIS, les jurys attendent :

• Une maîtrise des outils de pilotage d’unité : organisation du travail, planification, gestion des ressources humaines.
• Des prises de décision concrètes sur des sujets tels que les plannings, les priorités, les conflits d’équipe et l’accompagnement des professionnels.
• Une capacité à coordonner avec des partenaires externes (soins, écoles, justice, structures partenaires).
• Une lecture claire de votre place dans la structure : êtes-vous un relais d’équipe ou un encadrant reconnu ?

Le CAFERUIS ne valide pas uniquement que vous savez « manager ». Il valide que vous encadrez dans une logique d’unité sociale structurée.

Pour le CAFDES, les jurys attendent :

• Une vision stratégique de votre action : pas seulement ce que vous faites, mais pourquoi vous le faites, dans quel cadre et avec quelle visée.
• Une capacité à arbitrer : entre qualité de service et contrainte budgétaire, entre urgence terrain et planification à long terme.
• Une lecture politique : comment vous vous situez dans la stratégie de votre association, de votre collectivité, de votre secteur ?
• Une capacité à incarner un projet d’établissement, à le co-construire, à le piloter et à l’évaluer.
• Une posture claire de direction : négociation, représentation, gouvernance, relation aux financeurs, posture RH de haut niveau.

Attention : ce n’est pas la quantité d’actions qui fait foi, mais la qualité de votre analyse. Le jury veut sentir que vous êtes un décideur conscient de vos impacts.

Erreurs fréquentes :

Erreur n°1 : Présenter un très bon dossier CAFERUIS au jury CAFDES : Résultat : bon niveau opérationnel, mais manque de recul stratégique.

Erreur n°2 : Confondre « faire » et « décider » : Vous pouvez avoir organisé 15 projets, mais si vous n’en avez piloté aucun, ce n’est pas suffisant. Ce qu’on s’attend à voir, c’est : comment vous définissez les objectifs, mobilisez les ressources humaines (équipe projet), financières (budget), suivez-les indicateurs/résultats et mettez en place des adaptations.

Erreur n°3 : Ne pas expliciter les arbitrages : Vous avez modifié l’organisation du service ? Très bien. Mais pourquoi ? Quels enjeux ? Quelle méthode ? Quel résultat ?

Exemples express :

Julie, chef de service en MECS depuis 6 ans : Elle parle très bien de son équipe, de ses réunions et de son implication. Cependant, elle ne nomme jamais une décision, n’assume jamais un arbitrage et n’analyse pas les effets de ses choix. Le jury CAFERUIS trouve le dossier « sympathique » mais insuffisant.

Farid, directeur adjoint d’un foyer d’accueil médicalisé : Il gère les RH, le budget, le projet d’établissement et la relation avec l’ARS. Cependant, dans le dossier, il reste très factuel. Pas de réflexion, pas de posture claire, pas de regard stratégique. Le jury CAFDES reconnaît un professionnel engagé, mais pas un porteur de vision.

Ajouts spécifiques à intégrer :

L’intelligence émotionnelle, la gestion des tensions et la capacité à contenir une équipe sans rigidité comptent dans les deux diplômes. Cependant, pour le CAFDES, c’est la posture d’alignement personnel/organisationnel qui compte, pas seulement la bienveillance, mais la lucidité et la stabilité dans la complexité.

Le lien aux politiques publiques est capital en CAFDES : le jury doit sentir que vous connaissez les logiques de financement et les réformes en cours (CPOM, Ségur, schémas territoriaux, etc.).

(Une dernière chose à savoir !)

Pour conclure, une dernière chose dont on parle peu lorsqu’on évoque le CAFERUIS ou le CAFDES : ce sont des diplômes qui vous exposent. Ils vous obligent à prendre position sur des réalités que beaucoup préfèrent éviter : la frontière entre encadrement technique et pouvoir réel, la dilution des responsabilités dans certaines organisations et les tensions entre éthique professionnelle et contraintes structurelles. Ce que vous allez engager dans cette démarche n’est pas uniquement une validation. C’est une mise à l’épreuve de votre lucidité sur le fonctionnement de votre institution. Et parfois, c’est inconfortable, car cela oblige à regarder ce qui dysfonctionne autour et en soi.

Choisir entre CAFERUIS et CAFDES, c’est faire un choix de diplôme. Mais plus encore, c’est décider dans quel rapport au réel on veut se situer : celui qui s’ajuste ou celui qui structure. La suite, c’est à vous de la penser, mais pas à moitié.

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