À l’occasion de la Fête de la Musique, prenons un instant pour mettre en lumière un sujet essentiel : la validation des acquis de l’expérience (VAE) pour les enseignant·e·s en musique. Une démarche qui concerne de nombreux professionnels investis dans la transmission artistique, mais qui reste encore trop souvent méconnue ou sous-valorisée.
Pour qui ?
Cet article s’adresse directement aux professionnels de la musique : enseignant·e·s en écoles municipales, conservatoires, associations ou établissements scolaires. Il s’adresse également aux collectivités qui les emploient, aux responsables des ressources humaines, aux directions culturelles et aux élu·e·s impliqués dans le secteur.
1. Un contexte bien particulier
Depuis quelques années, la demande de VAE pour les professeur·e·s de musique s’est intensifiée, et cela n’a rien d’étonnant.
De nombreux professionnels cumulent 10, 15 voire 20 ans d’expérience dans l’enseignement et la transmission musicale, sans pour autant détenir le diplôme officiellement requis — le plus souvent le Diplôme d’État (DE) ou le Diplôme Universitaire de Musicien Intervenant (DUMI).
Leurs compétences sont pourtant réelles : ils enseignent, créent, encadrent, transmettent. Mais faute de reconnaissance formelle, ils se retrouvent souvent :
- Cantonnés à une catégorie C ou B, bien qu’ils assurent des missions de catégorie A ;
- Maintenus dans des statuts contractuels, sans perspective d’évolution ;
- Ou encore dans une forme de précarité institutionnelle.
Dans ce contexte, le concours est rarement une option viable, et retourner en formation initiale s’avère souvent irréaliste. La VAE devient alors un levier central d’accès à une reconnaissance statutaire méritée.
2. La VAE : des bénéfices partagés
La VAE ne se résume pas à un simple dossier administratif. Lorsqu’elle est bien conduite, elle constitue un levier de transformation individuelle et organisationnelle.
Côté agent :
- Elle renforce l’estime professionnelle, notamment pour les personnes qui exercent depuis des années sans validation officielle de leurs compétences.
- Elle permet de verbaliser ses pratiques, d’analyser sa pédagogie et de prendre du recul sur son approche de la transmission.
- Elle développe des compétences transversales : capacité rédactionnelle, esprit d’analyse, posture réflexive.
- Elle offre un cadre de reconnaissance que la pratique de terrain ne permet pas toujours d’atteindre seule.
Côté collectivité :
- La VAE stabilise les équipes, limite la précarité et réduit le turnover.
- Elle valorise les ressources humaines existantes, plutôt que de chercher à recruter à l’extérieur.
- Elle établit des passerelles entre pédagogie, territoire et politique culturelle. On ne valide pas uniquement un diplôme, on confirme une posture professionnelle inscrite dans un projet local.
Pour les deux parties :
- La VAE peut initier un dialogue plus mature entre agent et employeur.
- Elle invite à clarifier des enjeux essentiels : quelles missions sont attendues ? Quelles compétences sont à reconnaître ? Quels parcours souhaite-t-on accompagner ?
En somme, la VAE n’est pas un coût : c’est un investissement, en temps, en reconnaissance, en qualité pédagogique et en structuration RH. Et lorsqu’elle est réussie, elle bénéficie autant à l’individu qu’à l’organisation.
3. Conseils pour réussir sa VAE dans le secteur musical
La VAE dans la musique est possible, mais elle peut s’avérer particulièrement exigeante. Voici cinq conseils clés à garder à l’esprit.
1) Bien choisir son diplôme : une étape stratégique
Le choix du diplôme doit être en cohérence avec votre profil professionnel :
- Vous enseignez une discipline artistique ou un instrument en conservatoire → orientez-vous vers le Diplôme d’État (DE).
- Vous intervenez principalement en milieu scolaire, crèche, ou centre social → privilégiez le DUMI.
- Si votre activité relève davantage de la médiation ou est ponctuelle → un titre professionnel de niveau 5 ou 6 peut suffire.
⚠️ Attention : viser un DE sans avoir de missions de niveau A ou de projet pédagogique structuré, c’est risquer une non-recevabilité ou un refus du jury. D’où l’importance de bien analyser ses missions en amont.
2) Anticiper l’exigence du parcours
Les VAE pour le DE ou le DUMI ne se limitent pas Ă un dossier et un jury. Elles exigent :
- Une analyse réflexive de votre posture d’enseignant·e,
- La justification de vos choix pédagogiques et artistiques,
- Et une rigueur rédactionnelle souvent proche du niveau universitaire.
Un accompagnement sur 8 à 12 mois est généralement nécessaire.
3) Penser financement dès le départ
Dans la fonction publique territoriale, le financement reste un sujet délicat :
- Le CPF des agents est encore en heures (plafonné à 150h), mobilisable sous conditions.
- L’accompagnement n’est pas systématiquement pris en charge par la collectivité.
- Certains doivent autofinancer tout ou partie de leur parcours.
Conseil : intégrez, la VAE dans l’entretien professionnel annuel, et anticipez la budgétisation dès l’automne.
4) Clarifier “l’après” dès le début
Avant même d’entamer votre VAE, posez-vous les bonnes questions :
- Le diplôme visé correspond-il au niveau de votre poste ?
- Un reclassement ou une requalification est-il prévu en cas de validation ?
- Ce diplôme ouvre-t-il l’accès à un concours réservé ?
- Permet-il d’évoluer, y compris en dehors de votre collectivité actuelle ?
Autant de points à discuter avec votre service RH pour éviter les désillusions.
5) Nos recommandations concrètes
Chez JACEF, nous conseillons de :
- Réaliser un diagnostic précis de vos missions avant le choix du diplôme, pour assurer une correspondance avec le référentiel visé. Des rendez-vous d’exploration gratuits sont proposés à cet effet.
- Être accompagné, même avec beaucoup d’expérience, afin de structurer vos écrits et préparer efficacement votre oral.
- Garder confiance : les parcours atypiques sont souvent des atouts, à condition de savoir les valoriser.
La VAE est un outil puissant pour les enseignants en musique. Elle permet d’aligner enfin reconnaissance institutionnelle et engagement artistique. Espérons que cette Fête de la Musique sera aussi l’occasion de faire avancer la reconnaissance des talents qui la transmettent chaque jour.