Le moment du jury approche : vous avez préparé votre dossier, peaufiné votre présentation, répété votre discours.
Et pourtant, au moment d’entrer dans la salle, tout semble s’accélérer.
Le cœur bat plus vite, la voix tremble, les mots se mélangent.
Vous savez ce que vous souhaitez dire, mais rien ne sort comme prévu.
Ce moment, nous le redoutons tous : celui où les émotions prennent le dessus.
Comment alors reprendre la main – sans se forcer, sans se mentir – lorsque tout s’emballe face au jury ?
Cet article vous propose des leviers simples et concrets pour rester maître de vous-même, sans artifice : des gestes, des respirations et des attitudes mentales qui ramènent de la clarté et de la stabilité intérieure.
1. Respirer pour rompre la boucle du stress
Lorsque le stress monte, tout se contracte : la respiration, la voix, la vision.
Le corps se met en alerte.
La première étape consiste à redonner de l’espace à votre organisme.
Inutile de recourir à des techniques complexes : rallonger l’expiration suffit.
Inspirez doucement par le nez sur quatre secondes, puis expirez lentement par la bouche sur six secondes.
Faites-le discrètement, en silence, pendant qu’un membre du jury parle ou juste avant de répondre.
Personne ne le remarquera, mais vous sentirez immédiatement la différence : le rythme cardiaque ralentit, la voix s’apaise, les idées se réorganisent.
Et si la tension persiste, imaginez que vous soufflez doucement sur une bougie sans l’éteindre.
Ce simple geste envoie un message clair à votre système nerveux : « Je ne suis pas en danger, je peux penser. »
2. Revenir à son corps
En situation de panique, l’esprit s’emballe et le corps disparaît du champ de conscience.
Les pensées tournent en boucle : « Et si je me trompe ? Et si j’oublie mes mots ? »
Pour interrompre ce cycle, revenez à vos sensations physiques.
Sentez vos pieds posés au sol, la chaise sous vos cuisses, la texture du papier entre vos doigts.
Ces micro-sensations vous ancrent dans le présent – et le présent est l’endroit où la peur n’existe pas.
Vous pouvez aussi, pendant qu’un juré s’exprime, poser doucement une main sur votre cuisse, respirer lentement et vous répéter intérieurement :
« Je suis là, tout va bien, je vis ce que j’ai préparé. »
3. Ralentir le débit et poser la voix
Lorsque l’émotion s’installe, tout s’accélère : la parole, les gestes, le ton.
Or, la réussite de l’oral repose sur la maîtrise du rythme.
Ralentir volontairement permet de retrouver de la stabilité.
Entre chaque phrase, marquez une légère pause.
Regardez le jury, respirez, puis reprenez.
Ces silences donnent du poids à vos mots et montrent que vous êtes de nouveau aux commandes.
Pour stabiliser votre voix, pensez à la poser légèrement plus grave et plus bas.
Ce geste physique favorise l’ancrage.
Si la voix tremble, baissez doucement le menton et expirez avant de reprendre la parole : cela réinstalle instantanément le calme.
4. Accueillir l’émotion et rester authentique
Le pire réflexe consiste à vouloir dissimuler toute émotion.
Un jury ne sanctionne pas une émotion sincère, mais une attitude artificielle.
Il est parfaitement acceptable de dire :
« Je suis un peu ému, c’est un moment important pour moi. »
ou
« Excusez-moi, je prends une seconde pour respirer. L’enjeu me touche. »
Ces mots simples sont toujours compris, car chacun a déjà vécu une situation similaire.
Les jurés connaissent la charge émotionnelle d’une VAE.
Et souvent, cet aveu d’humanité renforce la confiance, car il replace la relation sur un terrain d’égalité.
L’émotion, lorsqu’elle est reconnue, devient un langage.
Elle montre votre implication, votre sincérité.
L’essentiel est de ne pas s’y perdre, mais de la traverser en conscience.
5. Se raccrocher à ce que l’on maîtrise
Quand tout semble s’emballer, il est utile de se donner un repère mental stable : une “poignée” à laquelle se rattacher.
Cela peut être votre phrase d’introduction, une situation que vous connaissez par cœur, ou un chiffre que vous maîtrisez parfaitement.
Revenir à ce point fixe, c’est comme reprendre son souffle après une apnée.
Souvent, une réponse claire, une phrase simple et posée suffisent à réaligner l’ensemble.
Le cerveau comprend alors : « Je sais faire, je suis de retour dans le jeu. »
6. Après l’entretien
Une fois l’échange terminé, prenez quelques instants pour respirer, marcher, laisser retomber la tension.
Ne rejouez pas la scène immédiatement dans votre tête.
Laissez au corps le temps de se détendre et à l’adrénaline de redescendre.
L’analyse et la réflexion viendront plus tard.
Sur le moment, l’essentiel est de laisser l’émotion s’évacuer, sans ruminer.
En conclusion
L’émotion n’est pas une ennemie.
Elle ne vous empêche ni d’être performant, ni de convaincre le jury.
Elle rappelle simplement que ce moment compte.
Le stress, la peur, la fierté ou la tension font partie intégrante de l’expérience.
La clé consiste à rester lucide au cœur de ces sensations : respirer, ralentir, se recentrer et continuer à transmettre, même imparfaitement.
Le jury ne recherche pas la perfection, mais une présence authentique :
quelqu’un de vrai, de conscient, de solide.
Et si vous parvenez à être cela, même avec un peu de tremblement dans la voix, alors vous avez déjà réussi.
