Une question revient souvent chez les candidats à la VAE : le jury prend-il réellement le temps de lire le dossier ?
La réponse est simple : oui. Mais la manière dont il est lu, ainsi que le moment où il l’est, peuvent varier considérablement. C’est pourquoi il est essentiel d’anticiper cette diversité dès la rédaction.
Un jury, plusieurs lectures
Un jury de VAE n’est pas un bloc homogène. Il est composé de personnes aux attentes, aux habitudes et parfois même aux styles de lecture différents.
Le dossier n’est pas un simple formulaire administratif. C’est une pièce officielle, qui engage le jury dans sa décision. Chaque membre doit statuer bloc par bloc, en s’appuyant sur des preuves écrites et orales.
Tous lisent, mais avec des approches différentes. Certains examinent l’ensemble avec minutie, d’autres survolent et se concentrent sur les points clés. Le contexte joue aussi : selon le certificateur, la lecture ne se fait pas avec le même regard.
- Dans les universités, l’approche est académique, très proche du référentiel.
- Dans le secteur sanitaire et social, les dimensions réglementaire et éthique pèsent fortement : on lit à la fois comme praticien et comme formateur.
- Dans les ministères sociaux ou sportifs, les jurés viennent majoritairement du terrain et se montrent attentifs au concret.
- Dans les branches professionnelles, la conformité aux usages du métier est primordiale.
Trois profils de lecture
On retrouve généralement trois styles de lecture, qu’un même juré peut alterner selon les moments :
- Le lecteur “référentiel”, qui coche chaque compétence en comparant le dossier au diplôme.
- Le lecteur “qualité/risques”, qui recherche les incohérences, les contradictions, les manques. Il vise à sécuriser la décision.
- Le lecteur “terrain”, souvent issu de la profession, qui cherche à vérifier si les expériences correspondent à la réalité du métier.
Ainsi, selon qui lit, l’attention peut se porter davantage sur la conformité au référentiel, la cohérence globale ou le vécu pratique.
Le regard du jury
Un phénomène particulier existe : le jury repère presque toujours le détail problématique. Un chiffre incohérent, un rôle surestimé, une preuve discutable… Même sans lecture exhaustive, l’œil se pose naturellement sur les passages sensibles. Ce n’est ni seulement intuition ni hasard : le dossier “parle” au lecteur.
Trois moments clés d’utilisation du dossier
Le livret n’est pas lu une seule fois :
- Avant l’oral : certains jurés font une lecture approfondie, d’autres un survol rapide pour relever des points à questionner.
- Pendant l’oral : le dossier sert de support. Le jury revient sur des passages précis et demande des éclaircissements.
- Après l’oral : lors de la délibération, les propos du candidat sont confrontés aux écrits. La concordance renforce la validation, la divergence soulève des doutes.
Il arrive que certains jurés découvrent réellement le dossier au dernier moment, mais même dans ce cas, ils s’y réfèrent pour statuer bloc par bloc.
Ce que cela implique pour le candidat
Un bon dossier ne garantit pas à lui seul la validation, mais il prépare le terrain pour l’entretien. À l’inverse, un livret trop faible peut parfois être compensé par un oral solide, mais cela reste incertain.
Le rôle du candidat est donc de faciliter la lecture :
- rendre les compétences visibles,
- clarifier les responsabilités,
- guider le jury vers les éléments essentiels.
Concrètement, le dossier doit répondre aux trois usages :
- Lecture rapide et globale : en quelques minutes, le jury doit identifier le profil, les responsabilités et les grandes réalisations.
- Lecture ciblée : les éléments doivent être faciles à retrouver, paginés et reliés au référentiel.
- Lecture de confirmation : les preuves doivent être traçables et associées clairement aux blocs de compétences.
Le jury lit le livret, mais pas nécessairement comme un roman. Il le lit pour statuer, en concentrant son attention sur ce qui fait sens… ou sur ce qui pose problème.
Un dossier clair, structuré et honnête crée un climat de confiance et maximise les chances de réussite à l’oral.
