Dans le secteur sanitaire et social, la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) est à la fois un levier de reconnaissance et un exercice de résilience. Nombreux sont les candidats à témoigner d’oraux particulièrement exigeants, parfois même déstabilisants, en contradiction avec l’esprit même du dispositif.
Chez JACEF, nous défendons une vision claire :
🔹 Oui, un jury a le droit d’être rigoureux.
🔹 Non, un jury n’a pas le droit d’être condescendant, intimidant ou maltraitant.
Or, force est de constater que certains récits – lus dans les groupes VAE ou entendus lors de nos accompagnements – évoquent encore aujourd’hui des pratiques limites : interruptions sèches, commentaires humiliants, mise en doute du parcours de vie. Autant de situations qui, lorsqu’elles ne sont pas anticipées, peuvent mettre en péril la posture du candidat.
Ce n’est pas acceptable. Mais c’est une réalité. Et notre responsabilité, en tant que professionnel·les de l’accompagnement, c’est de vous y préparer sans naïveté.
Pourquoi parler de « pièges » ?
Le terme peut sembler clivant. Pourtant, il est utile. Un piège, dans notre contexte, désigne une situation où la pression, l’ambiguïté ou la dynamique du jury peuvent entraîner une réponse déstabilisante, voire contre-productive, pour le candidat. Ces pièges peuvent être posés délibérément, dans une logique d’évaluation de la posture professionnelle, ou de manière inconsciente, sous l’effet de biais, de fatigue ou de maladresse.
L’objectif n’est pas d’entrer dans une logique de méfiance, mais de lucidité. Car se préparer à l’épreuve orale, c’est aussi se préparer à l’imprévisible.
Voici donc une lecture de 16 pièges fréquemment rencontrés – et des réponses stratégiques pour y faire face avec solidité et professionnalisme.
16 pièges possibles (et comment y faire face)
🪤 1. Le silence pesant
Ce que vit le candidat : Un long silence après une réponse.
Le risque : Se justifier à outrance, se déstabiliser, perdre le fil.
La posture juste : Ne pas combler systématiquement. Respirer, maintenir une posture ancrée. Poser calmement : « Ai-je répondu à votre question ? »
🪤 2. Une question volontairement vague
Exemples : « Parlez-nous de votre posture professionnelle. »
Le risque : S’éparpiller, donner une réponse floue.
Réponse stratégique : Cadrer avant de répondre. Proposer une lecture parmi plusieurs possibles. « Je peux aborder votre question sous l’angle de [X] ou de [Y] : lequel vous semble prioritaire ? »
🪤 3. Une remarque déstabilisante
Exemple : « Vous ne semblez pas à votre place ici. »
Le risque : Perdre confiance, se justifier de manière émotionnelle.
Réponse stratégique : Rester sur une posture affirmée mais calme. « Je suis ici parce que je crois en la valeur de mon expérience. Je suis disponible pour en discuter avec transparence. »
🪤 4. Une mise en contradiction
Exemple : « Vous parlez d’autonomie, mais vous semblez très interventionniste. »
Réponse stratégique : Assumer la nuance. « J’adapte mes interventions au degré d’autonomie de la personne accompagnée. »
🪤 5. Une tentative de banalisation de vos actions
Exemple : « Vous n’avez fait que suivre les consignes. »
Réponse stratégique : Distinguer exécution et engagement. « J’ai suivi la procédure, mais j’ai aussi pris l’initiative de… »
🪤 6. Une interruption sèche
Exemple : « Merci, ce sera tout pour cette question. »
Réponse stratégique : Ne pas forcer, mais proposer : « Permettez-moi de conclure par une illustration concrète. » Ou « Je reste à votre disposition pour y revenir plus tard si vous le souhaitez. »
🪤 7. Une remise en cause de votre cohérence
Exemple : « Vous avez dit l’inverse il y a 10 minutes. »
Réponse stratégique : Reconnaître la complexité : « Ces deux éléments sont vrais selon les contextes. Je peux clarifier si besoin. »
🪤 8. Une pression émotionnelle
Exemples : ton sec, commentaires cassants.
Réponse stratégique : Ancrage, respiration, tempo : « Je prends un instant pour répondre avec recul. »
🪤 9. Une question hors cadre métier
Exemple : « Comment réagissez-vous à une agression ? »
Réponse stratégique : Identifier vos limites : « Ce type de situation relève d’une autre fonction. Ma responsabilité est de… »
🪤 10. Un jugement sur vos diplômes initiaux
Exemple : « Avec un CAP, vous visez ce diplôme ? »
Réponse stratégique : Valoriser le chemin parcouru : « Mon diplôme de départ est un CAP, mais mes compétences actuelles correspondent aux attendus du diplôme visé. »
🪤 11. L’analyse d’un échec
Risque : se justifier sans recul ou se dévaloriser.
Réponse stratégique : « Cet écart m’a permis d’améliorer ma pratique. Aujourd’hui, je fais X pour l’éviter. »
🪤 12. Une mise en doute de votre implication réelle
Exemple : « Ce n’est pas plutôt l’éducatrice qui a tout fait ? »
Réponse stratégique : « J’ai agi dans le cadre défini, en autonomie. Voici comment. »
🪤 13. Une remarque sur votre expression orale
Exemple : « Articulez plus, parlez plus fort… »
Réponse stratégique : « Je suis un peu stressé·e, mais je vais faire de mon mieux pour être claire. »
🪤 14. Un commentaire sur votre lien aux usagers
Exemple : « Vous semblez trop proche des patients. »
Réponse stratégique : « Je crée une relation humaine, mais je veille à maintenir une distance professionnelle. »
🪤 15. Une demande de concrétisation
Exemple : « Vous parlez d’écoute… mais concrètement ? »
Réponse stratégique : Donner un exemple spécifique, contextualisé, mesurable.
🪤 16. Une comparaison avec d’autres candidats
Exemple : « D’autres ont présenté des situations plus techniques. »
Réponse stratégique : « J’ai choisi des situations représentatives de mon quotidien professionnel. Si vous le souhaitez, je peux en détailler une autre. »
Et maintenant ?
Chez JACEF, nous proposons chaque mois des ateliers collectifs de préparation à l’oral VAE ouverts à tous. Ces sessions, 100% visio, qui vous permettent de jouer à la fois le rôle du candidat et le jury blancs de pairs incluent :
- des mises en situation réelles avec feedback personnalisé,
- des techniques de stabilisation émotionnelle,
- un travail spécifique sur la posture et la clarté des messages,
- et l’énergie d’un groupe engagé.
🗓 Prochaines dates sur notre site : METTRE LIEN DE L’ARTICLE (LUCIE)
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Pour conclure
Vous l’avez compris, plutôt que redouter ce qui pourrait arriver, mieux vaut s’y préparer avec méthode. Connaître les situations piégeuses, savoir y répondre avec calme et professionnalisme, c’est déjà se donner les moyens de rester droit, clair… et légitime.
Parce qu’au fond, l’oral de VAE n’est pas un test de personnalité, c’est une reconnaissance d’expérience. Et ça, vous l’avez déjà construit.
